Onsjöskolan


Ma première semaine de stage s'est achevée et un article s'impose car j'avoue avoir été tour à tour étonnée, perdue, impressionnée voire séduite par ce système éducatif si particulier.

En tant que PE consciencieux, Pascal et moi étions à l'école à partir de 8h [et ça n'a rien à voir avec les horaires de bus pour Vänersborg]. A cette heure-ci, quelques petites têtes blondes sont déjà à l'école depuis tôt le matin et prennent leur petit déjeuner dans la salle de cantine, dans le noir ; c'est vrai que la lumière artificielle de bonne heure, ça agresse les yeux et vous ne me direz pas le contraire.


Les autres enfants arrivent à vélo, casque de sécurité sur la tête et entrent dans une petite pièce qui jouxte la salle de classe pour y déposer blouson, écharpe, bonnet, gants et chaussures.


8h20, début des cours qui correspond pour Pascal et moi, à une présentation succincte en suédois : "Jag heter Caroline, jag är tjugofem år gammal och jag kommer från Frankrike". La récitation est sue et prête à sortir en toute circonstance. Si ma nuit a été bonne, je tente une variante du genre "jag bor i Trollhättan". Après quoi les petits suédois nous posent des questions pour le moins surprenantes et qui amènent des réponses intéressantes à n'en pas douter : "quelle est votre couleur favorite ?" ou "avez-vous des animaux de compagnie ?"

Après 3/4 d'heure, on arrête tout, on se met debout à côté de sa table et on fait les mêmes gestes que la prof transformée pour l'occasion en Véronique ou Davina, le tout sur des "toutouyoutou". Les yeux écarquillés, Pascal et moi avons attendu de voir le résultat de ce "défoulement" sur la suite des évènements. No problem, après 5 minutes d'effort physique, l'agitation retombe et tout le monde reprend son crayon, sa gomme ou son bouquin, en autonomie, comme ils ont
visiblement l'habitude de le faire.


La récréation a lieu de 9h50 à 10h10 et là où nos petits français prennent un ballon pour taper dedans, les petits suédois attrapent des crosses pour jouer au innebandy [sport de la famille du hockey, sans patins ni glace].


Après la pause, Pascal et moi croyons avoir tout vu mais sommes encore loin du compte car c'est l'heure des cours de couture et de menuiserie [une moitié de classe dans une et l'autre moitié à côté].
La couture ici, ça se passe comme ça : les enfants disent ce qu'ils ont envie de réaliser et la prof les guide. Ça va de la "simple" écharpe au pouf pour s'asseoir en passant par la tunique à la mode, le panier en mousse pour le chat ou le coeur en crochet pour maman. Comment vous dire ce qu'on ressent en voyant ces pré-ados avec des bandanas tête-de-mort sur la tête tricoter, coudre, tisser, ou piquer, alors qu'à 25 ans, on est même pas fichu de faire un ourlet de pantalon.
A la fin de la séance, les élèves présentent ce qu'ils ont fabriqué et ce qu'ils ont appris comme technique, le tout en anglais ! Parce qu'en suédois ce serait trop simple et les français présents ne se sentiraient pas encore assez ridicules.


Re-belote dans la pièce à côté. Les élèves fabriquent des étagères ou des tabourets, on se croierait dans un atelier IKEA. Ils manient la perceuse ou les scies sans aucune appréhension ; je crois que je suis la seule à m'inquiéter pour leurs doigts. Quand j'aperçois une petite armoire à pharmacie dans un coin de la pièce "Ouf ! Les suédois ne sont pas si inconscients !" Je l'ouvre par curiosité, AFPS oblige : stupeur ! Elle est quasiment vide "Les suédois sont décidément différents"





En parlant de différence, 1h30 de maniement de tissus ou de bois ça creuse un peu quand même et c'est l'heure de reprendre des forces. Sauf que le déjeuner pour ces petites crevettes, ça s'arrête à un plat à engloutir en moins de 2 car il faut retourner en classe. Comme ça m'était déjà arrivée dans la précédente école, ma petite vessie a dû attendre, le dessert et le thé aussi : dur-dur la vie d'étrangers en Suède !

L'après-midi [à 12h] reprend avec une histoire, lumière tamisée, assis sur un tapis ou dans de confortables fauteuils IKEA. Au début, on est motivé et on essaie d'attraper un ou deux mots pour savoir de quoi il s'agit. Mais après toutes les tentatives infructueuses, on se laisse bercer par la douce voix de la suédoise qui émet des sons incompréhensibles et on lutte pour ne pas piquer du nez.



Histoire de se sentir un peu concernés par la chose et parce que c'est trop dur de ne pas intervenir quand on voit une retenue oubliée en maths, nous avons donné un (tout) petit coup de main aux élèves. Et croyez-moi, même avec la meilleure volonté qui soit, expliquer une multiplication posée en hauteur avec trois chiffres à chaque terme en suédois, ça relève d'un effort surhumain pour un(e) PE français(e).

Après ce sport cérébral, nous avons assisté à une réunion pédagogique dans une salle glacée sur "comment enseigner les maths de la meilleure façon qui soit" toujours en suédois bien sûr. Notre gentil directeur nous a traduis toute la réunion qui a quand même duré deux heures. Rien que ça, ça valait bien la bouteille de Sauternes en cadeau.



Bon week-end à tous, moi je me repose avant d'entamer une nouvelle semaine de stage dans une autre école...

One thoughts on “Onsjöskolan

Julien Deschamps a dit…

Hmmm vous devez vraiment vous sentir bien dans cette école!! (Même si cela doit être crevant! :D)
C'est plus facile de comprendre le succès d'IKEA!! Ils apprennent les notions dès l'enfance!! Je suis vraiment surpris aussi par la couture!
Je te souhaite un bon courage pour la suite, profite bien de tes moments à l'école, tu vas t'en souvenir pour bieeeeeeen longtemps... ...! Et puis repose toi surtout, à cette âge là c'est très nerveux ces petites bêtes là :D!
Bybye!

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