Après la semaine en SEGPA, je pensais que je ne pourrais pas avoir pire remplacement : je m'étais bien plantée. Jeudi matin, on m'a appelée pour aller à Saint-Pierre-des-Corps... en CM2 !
Pour ceux qui ne connaissent pas cet endroit, pourtant lieu touristique incontournable de la région, il s'agit de la banlieue de Tours (donc à 45 bornes de chez moi), composée exclusivement de cités HLM ou de vieilles petites maisons horribles. Quant aux établissements scolaires, ils sont classés Zone d'Education Prioritaire.
Je suis donc arrivée dans la classe à 9h50 pour une récréation à 10h. En dix minutes, j'ai eu le temps de faire l'appel, et rien d'autre... Ca en disait long sur la journée qui m'attendait. Histoire de simplifier les choses, l'enseignante absente n'avait rien laissé et j'étais de service à la récréation, donc pas le temps de préparer quoi que ce soit.
Retour en classe, j'essaie d'improviser quelques trucs en conjugaison dans la consternation la plus totale : un niveau sonore ahurissant, des élèves qui ne connaissent pas le "vous" de politesse, des petits caïds qui se menacent, des insultes qui fusent, des bastons prêtes à éclater, ... en bref, un boulot d'enseignant très difficile voire impossible à exercer. Finalement, la seule différence avec le secondaire, c'est qu'au collège, les élèves se liguent contre le prof alors que là, ils acceptent encore la parole de l'adulte (quand ils peuvent l'entendre).
11h30, on croit être tranquille mais non : c'est l'heure de l'aide personnalisée avec Doulsaf, Linda et Mehdi.
Pendant la pause déjeuner, je prends le cahier d'appel et tente de retenir les prénoms de ces petits anges, dans l'optique de les interpeller plus facilement. 13h30, Abdel-Majid, Charfadine et Kadiatou me sont enfin rentrés dans la tête, l'après-midi peut commencer...
Je retiens le collègue qui m'a conseillé de leur passer une cassette. Les extraits portaient sur la puberté et la reproduction - thème qui fait déjà fureur avec des élèves non-ZEP - imaginez un peu les commentaires de mes CM2 en entendant "pénis" ou "spermatozoïde".
Bref, j'ai compté les minutes qui me séparaient de la délivrance, moment où je lâcherais ces fauves et où je quitterais cette jungle. Sauf qu'à 16h30, une collègue m'a porté le coup de grâce en me rappelant qu'à 17h "il y a étude pendant une heure". N'ayant pas été mise au courant plus tôt, j'ai quand même pu me sauver sans faire cette heure supplémentaire non-rémunérée.
L'avantage d'être ZIL, c'est que cet enfer n'a duré qu'une seule journée. Je pense maintenant aux enseignants de ZEP qui vivent ça quatre jours par semaine de septembre à juin : des héros des temps modernes en somme.
3 thoughts on “Jackpot”
"JACKPOT" ?? Pour les kilomètres ? Pour signaler que tu avais remporter le concours de la quinzaine la plus pourrie ?
pourquoi j'ai une boule au ventre en lisant cet article ?
réponse : parce que je sais que ça peut être l'enfer une classe comme ça...
je compatis ma belle...
<3 plein de bisous
Je suis comme Emmy je compatis à 100%
oui la question c'etait tu dois y rester.... ah non une seule journée
et bé je crois que je dois juste pas me plaindre à côté de toi....
Bientôt vacances courage <3
j'espere que tes voeux l'année prochaine seront meilleur
Bisouuu Didi
Enregistrer un commentaire